mardi 24 mai 2011

LNA

Un joli article de l'Express sur Helena Bonham Carter :

Irrésistible de drôlerie dans Alice au pays des merveilles, réalisé par son compagnon, Tim Burton, celle que l'on a découverte il y a 25 ans en amoureuse à froufrous dans Chambre avec vue prouve une nouvelle fois l'immensité de son talent. Sa carrière est à son image: audacieuse, pleine de fantaisie et très loin des conventions.

Le corset lui va à ravir

5 bonnes raisons d'être enchanté par Helena Bonham Carter
Helena et Julian Sands dans Chambre avec Vue de James Ivory (1986)
Si Auguste Renoir avait été anglais, il lui aurait tendu une ombrelle avant de la croquer. Est-ce son ascendance aristocratique (elle est l'arrière-petite-fille de l'ancien Premier ministre britannique Herbert Henry Asquith)? L'influence posthume de la fille de celui-ci, lady Violet Bonham Carter, baronne, actrice refoulée et amie proche de l'écrivain E. M. Forster? Avec son teint diaphane, ses lourdes boucles brunes, son goût des jupons - on y revient vite - ses sourcils hyperactifs et cette irrésistible moue d'enfant, Helena Bonham Carter est à croquer, en effet, l'archétype de l'héroïne romantique. Nuage de lait dans la porcelaine, tumulte des sentiments et crinoline: on fait pire comme destinée. Celle-ci débute en 1966 à Golders Green, près de Londres. Helena, qui se présente souvent comme le contraire d'une enfant précoce (elle a vécu chez ses parents jusqu'à l'âge de 30 ans) n'a pas 20 ans lorsqu'elle fait le choix d'être actrice. Manière pour la jeune femme à l'imagination fertile d'échapper au drame qui vient de frapper son père, Raymond, paralysé à la suite d'une attaque cérébrale. Une apparition dans une publicité et une autre dans un téléfilm lui valent d'être retenue pour Chambre avec vue. Triomphe mondial. 

Suivent Maurice, où elle ne fait que passer, et surtout Retour à Howards End, en 1992. Mais le corset se fait vite étroit, étouffant, insupportable. "Je déteste l'image d'edwardienne guindée que je renvoie. Je veux choquer tout le monde", dira-t-elle. Pari réussi en 1999 avec Fight Club, de David Fincher, qu'elle commence pourtant par refuser. Elle y est sidérante en junkie de la clope et de la baston. Son fan-club planétaire aura du mal à s'en remettre. Merchant et Ivory aussi: séparé de son adorable porte-bonheur, le duo rétro-chic verra la qualité de ses films ainsi que sa popularité décliner. Helena, elle, a réussi son pari: ne plus être la "bimbo en corset" du cinéma anglais. 

5 bonnes raisons d'être enchanté par Helena Bonham Carter
Avec Johnny Depp dans Sweeney Todd de Tim Burton



 Il existe trois catégories d'actrices: celles qui disent se contreficher de leur image, celles qui se contrefichent de leur image, et Helena Bonham Carter, reine absolue du je-m'en-foutisme glamour et du transformisme poético-trashy. Fausses dentitions - dans quatre de ses films - ongles couleur charbon - dans Sweeney Todd - chevelure en nid d'oiseau à la ville comme à l'écran, l'ex-poupée romantique dit oui à tout, surtout lorsque son compagnon, Tim Burton, se trouve aux manettes: "Je ne peux pas compter sur lui pour me rendre jolie!" convient-elle. Dans Alice au pays des merveilles, elle est en effet monstrueuse de talent dans le rôle de la Reine rouge: encéphale XXL posé sur un corps de lilliputienne, sourcils en lame de rasoir et voix stridente hurlant "Qu'on lui coupe la tête!" à la moindre contrariété (elle en connaît beaucoup), l'actrice jubile, et nous avec elle. "Ce métier est pris bien trop au sérieux. Il s'agit simplement de se déguiser et de faire semblant, non?" N'empêche, si elle ne décroche pas une nomination à l'Oscar l'an prochain, c'est nous qui couperons quelques têtes à l'Académie.

Elle est la muse de Tim Burton...

Lorsque Helena croise pour la première fois le réalisateur de Batman et d'Ed Wood, en 2001, celui-ci lui lance: "Ne te vexe pas, mais j'ai tout de suite pensé à toi pour jouer le rôle d'une guenon." Elle ne s'est pas vexée, bien sûr, et a pris aussitôt son billet pour La Planète des singes. Un aller simple. Neuf ans et six collaborations plus tard, le prince noir du cinéma indépendant américain partage toujours la vie de celle qui est devenue sa muse gothique. La vie, pas l'appartement. Chez les Bonham Carter-Burton, à Hampstead, dans le nord de Londres, chacun possède en effet son espace: maman dans une maison, papa dans celle d'à côté, tandis que les deux enfants - Billy, 6 ans et demi, et Nell, 2 ans - jouent dans la troisième. "Il est adorable et nous rend visite très souvent", précise la comédienne. Si le couple fait la plupart du temps chambre séparée - "Il ronfle, je parle" - l'osmose capillaire et professionnelle semble parfaite. Ce qui n'autorise aucun passe-droit: pour décrocher le rôle de Mrs Lovett dans Sweeney Todd, l'actrice s'est ainsi préparée durant trois mois avant de passer les essais devant... Steven Sondheim, le compositeur à l'origine de la comédie musicale éponyme. En apprenant qu'elle était choisie, Helena avait fondu en larmes. Tim aussi. 

... et la meilleure amie du "très cool" Johnny Depp

Faire partie de la bande de l'un des comédiens les plus versatiles de sa génération, cela suffit à garnir un CV, non? Quelques infos, tout de même: Johnny Depp, interprète du Chapelier fou dans Alice au pays des merveilles, est le parrain du petit Billy et déteste, à l'instar de Helena, se voir à l'écran. Petite gentillesse: "Johnny est très cool. Quoi qu'il fasse, il est tendance, mais aussi sensible et vulnérable, ce qui le rend très touchant." 
  
Elle a un sens de l'élégance très personnel

5 bonnes raisons d'être enchanté par Helena Bonham Carter
Glamour dans Conversation(s) avec une femme de Hans Canosa (2006)
Cela dit, quand on voit le look de sa maman... Le meilleur pour la fin, donc. Helena et ses airs de corbeau empaillé - "je ne me peigne jamais" - ses chaussures à ressorts Z-Coil et sa manie d'empiler froques, boutons, jupons, rubans et dentelles, entre buanderie victorienne et garde-robe de Peter Pan. "Chaque fois que je viens à Paris, je passe des heures à la Droguerie ou à la Mercerie, dans le Marais, et j'achète, j'achète, j'achète..." On dit le meilleur, car, quoi qu'elle picore dans son invraisemblable dressing, où les robes de Vivienne Westwood et de Jacques Azagury figurent en bonne place, la comédienne demeure adorable. L'Angleterre a fini par s'habituer à celle qu'elle surnomme avec affection une "catastrophe vestimentaire". En 2006, Harrods, temple du shopping de luxe londonien, a ouvert ses portes à Pantaloonies, le duo fashion qu'elle a créé avec sa copine, la créatrice Samantha Sage. Baptisée Bloomin' Bloomers, leur première collection jonglait avec les corsets, les boléros, et les jeans customisés. "A mon trente-cinquième anniversaire, j'ai eu comme une révélation : il fallait que je me réalise autrement qu'à travers mon travail d'actrice. Je n'aime pas l'idée d'attendre que les autres me sollicitent." Helena a tenu à reverser une partie des recettes issues des ventes de Pantaloonies à l'Unicef. Elégante, on a dit.

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