samedi 22 mai 2010

J-1 et des poussières

Un peu de Robinson  Crusoé, de l’île au Trésor, de Sa majesté des Mouches. Lost est  l’histoire d’un avion qui s’écrase quelque part entre Sydney et Los  Angeles sur une île effrayante, et de ses 48 rescapés. Emmy Award de la  meilleure série dramatique en 2005 et Golden Globe en 2006, Lost  est un succès mondial.

La série d’aventure fantastique


Et pour cause, «c’est le grand retour de la série d’aventure, et pas  cheap, c’est la belle, grande série avec beaucoup de moyens», explique  Vincent Colonna, auteur  de l’Art des séries télé. L’île déserte, c’était le signe  annonciateur d’un exotisme que la télévision n’avait pas offert depuis  longtemps.

Les réalisateurs, JJ Abrams et Damon  Lindelof, auteurs d’Alias et de Preuve à l’appui, ont  choisi le mélange des genres. «Non seulement c’est une série  d’aventures, mais c’est aussi fantastique. Et qui utilise plein de  sortes de fantastiques, le technologique, le scientifique, le  paranormal…» Toute une série de mystères est créée, dont les  téléspectateurs cherchent les solutions. Avec une telle richesse des  genres, ils ne peuvent qu’y trouver leur compte.

Les personnages


Dans les séries, trouver son compte, cela veut aussi dire  s’identifier, ou au moins s’attacher aux  personnages, et certains se sont révélés, dont probablement personne  n’aurait cru qu’ils auraient une telle importance. C’est le cas  d’Hurley (Jorge Garcia) corpulence impressionnante, et qui prend peu à  peu une valeur proportionnelle. Les repères des séries plus classiques,  avec la fille sexy et le beau mec sont là aussi. Ils ne sont pas  interchangeables, et ils crèvent l’écran.

Voir le passé, prédire l’avenir


La richesse vient aussi du processus de narration. «C’est un coup de  génie, ces histoires familiales que transportent avec eux les héros, et  qui arrivent par flash back.» L’expert en séries explique que cela  démultiplie les histoires, un «dangereux pari qui n’était pas du tout  joué. Normalement en télévision, c’est comme au théâtre, l’histoire que  vous regardez se passe au moment où vous la regardez, on ne fait pas  d’écart temporel» selon Colonna. Mais Lost tient le pari et  joue ce qui se passe au moment où le téléspectateur regarde et ce qui  s’est passé dans les vies des personnages avant l’accident. Avec des  surprises, comme pour le personnage de Kate, délinquante avant d’être  rescapée, et si douce sur l’île…

Et bientôt la série ajoute des anticipations, des «flash-forward»,  greffant un troisième niveau: celui du futur. Elle risque de perdre les  spectateurs. «Ca devient vraiment complexe. Pourquoi je regarde si je  sais que tel personnage est mécontent d’être sorti de l’île?,  s’interroge Colonna. Les scénaristes se sont un peu pris dans leur  métaphysique temporelle, et ont un peu perdu pied.»

Marketing


Alors même quà la fin de la saison 3, le scénario s’essoufle, les  spectateurs se lassent. La grève des scénaristes de 2007 vient perturber  l’écriture de la suite. La quatrième saison est raccourcie à 16  épisodes au lieu de 25 pour la première, la 5ème n’en a que 17. Mais Lost  rebondit.

Voilà qu'en janvier 2007 la fin de la série est annoncée. Les  saisons ne se multiplieront pas sans cesse. Il y aura une fin et elle  devra tout résoudre.

Machine à Exégèse


Les questions auxquelles la série doit répondre sont nombreuses. Et  c’est le sel final au succès de la série. «Jamais une série n’a posé  autant de questions, suscité autant de débat entre ses fans, sur les forums, sur internet…» Des livres ont été  écrits sur Lost, des cours donnés dans les universités. C’est  un nouveau genre de communauté qui se fédère derrière ce feuilleton.

Les niveaux de lecture sont innombrables, que vous ayez une culture  télé, ou littéraire philosophique… Des séries de chiffres (maléfiques?)   inexpliquées, le monstre de l’île, un personnage qui ne vieillit pas,  une statue avec un seul pied… «C’est comme la Bible, une fois que vous  commencez les interprétations, c’est infini. C’est une machine qui  fonctionne sans les créateurs ensuite, comme l’Odyssée, comme les œuvres  de Joyce…» Une machine à exégèse.

[...] Les téléspectateurs attendent avidement le 23 mai,  date du dernière épisode, pour avoir toutes les clés.

Source : 20minutes.fr

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