dimanche 23 mai 2010

Il y aura un avant et un après Lost





Une révolution Lost. Spécialiste  des séries et auteur du blog Time-square.fr, le Carrefour de  l’entertainement, Alexandre Cerri nous explique comment la série d’ABC  est devenue un « phénomène de société » grâce à « sa complexité  narrative inédite ».

Peut-on dire que Lost a révolutionné le monde de la série  télé ?

Lost a révolutionné les séries même s’il n’a pas lancé la mode. Il y  avait déjà eu une petite révolution avec X-Files –qui est arrivé un peu  trop tôt à mon avis- et Alias. Ensuite, il y a eu 24 en 2002 qui a donné  un coup de boost aux séries. Puis une petite accalmie avant Lost en  2004. Ca a été un gros boom en termes d’addiction.

Comment ça ?

Lost a su créer une addiction avec une grosse galerie de personnages.  L’une des particularités de Lost est d’avoir créé beaucoup de  personnages principaux avec pour chacun d’entre eux une storyline bien  particulière. Ainsi, il s’avère plus facile de trouver quelqu’un en qui  s’identifier : le bad boy, l’homme de foi, l’homme de science, la nana  fashion… Le thème de la famille est omniprésent avec un rapport à  celle-ci fait de diversité sociale et culturelle. C’est la première  fois, depuis X-Files, qu’une série proposait des mystères, une  mythologie, une intrigue passionnante qui a tenu en haleine avec de  multiples références.

« Pas une série ‘fast-food’ »

Quelle est la force de Lost par rapport à la génération  précédente de séries télé ?

Lost est la balance idéale entre l’artistique et le commercial. Avec en  plus, un univers assez sombre et des thématiques traitées assez  lourdes : le bien, le mal, la mort…  La série a aussi eu la force de  toujours répondre aux interrogations sans répondre, de faire marcher  l’imaginaire, la réflexion. C’est là où se situe la différence avec les  autres séries. Ce n’est plus une série « fast-food », elle ne prend pas  le spectateur par la main. Les réalisateurs ont ajouté une complexité  narrative inédite. Et sans doute que plusieurs questions resteront sans  réponse et qu’elle laissera cogiter longtemps après sa fin.

Pourtant, l’audience a eu tendance à fluctuer ?

Lost a aussi, d’une certaine manière, été victime de son succès. ABC  est avant tout une chaîne familiale. L’audience a d’abord cartonné avant  de s’effriter à la fin de la première saison. Surtout car les  spectateurs se retrouvaient face à quelque chose qui les dépassait. La  fin du show a ensuite été planifiée dès la fin de la saison 3. Une  recette qui s’est avérée gagnante car Lost a recapté de l’audience à  partir de la troisième et quatrième saison.

Le final de dimanche est très attendu…

Le final sera un moment historique. Jamais une fin de série n’avait  été autant attendue. Même pour ceux qui ont lâché la série en cours de  route. Dimanche, ABC n’aura aucun concurrent en face car les autres  séries ont terminé leur saison. Et ABC sera totalement dédiée à Lost  avec une émission spéciale après la diffusion du dernier épisode.

« Les producteurs sont joueurs, et le public a aimé »

Comment expliquez-vous la réussite de cette série ?

Lost est un phénomène de société. Il y a eu un avant Lost et il y aura  un après Lost. On est réellement dans un « phénomène Lost ». C’est  impossible de parler de séries sans que celle-là rentre dans la  discussion. Lost est aussi devenu une référence. Dans le film comique Kickass, au cours d’une scène dramatique, la voix-off dit : « Je ne  connaitrai jamais la fin de Lost. » Cette série est rentrée dans les  codes, dans la culture. Toutes les nouvelles séries entreront en  comparaison.

Quel sera cet « après Lost » ?

Il n’y aura pas de série avec un tel impact marketing avant longtemps.  Ce qui a fait défaut à Flash-Forward par exemple, c’est d’avoir été  annoncée comme le nouveau Lost. La série a donc déçu car elle ne  soutenait pas la comparaison.

Lost a aussi bouleversé le rapport séries/web ?

Les producteurs ont élargi l’univers de Lost au-delà de la série avec  des faux sites, une fausse compagnie aérienne, des épisodes spécifiques  au web, des jeux… Ca a fortement aidé à fédérer les fans. C’est un coup  de maître : cette faculté à teaser, à faire monter la pression. C’est un  art. Les producteurs sont joueurs, et le public a aimé.

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